En tant qu’êtres humains, nous possédons tous une certaine façon de penser qui nous aide à donner un sens au monde qui nous entoure. Ces modèles mentaux sont les schémas de pensée que nous utilisons pour interpréter les informations, prendre des décisions et résoudre des problèmes. Alors que les modèles mentaux peuvent être incroyablement utiles dans la vie de tous les jours, ils peuvent aussi être limitants si nous ne sommes pas conscients de leur influence. Dans cet article, nous explorerons les cinq modèles mentaux les plus courants qui affectent la plupart des gens et comment ils peuvent avoir un impact sur nos vies.
Introduction aux modèles mentaux
Avant de plonger dans les modèles spécifiques qui nous affectent, il est important de comprendre ce que sont les modèles mentaux et comment ils fonctionnent. Les modèles mentaux sont des outils cognitifs qui nous aident à donner un sens à des informations complexes en les simplifiant en concepts facilement compréhensibles. Ils se construisent au fil du temps à travers nos expériences et nos interactions avec le monde qui nous entoure. Cependant, les modèles mentaux peuvent également être défectueux, incomplets ou biaisés, ce qui peut conduire à une réflexion et à une prise de décision erronées.
#1 Le Biais de Confirmation
Le biais de confirmation est la tendance à rechercher, interpréter, favoriser et mémoriser les informations qui confirment nos croyances ou hypothèses existantes, et à ignorer les informations qui les contredisent. C’est un biais cognitif courant qui influence notre pensée et nos décisions.
Par exemple:
• Un fan de sports qui est convaincu que son équipe préférée est la meilleure va se focaliser sur les statistiques et les victoires qui confirment cette opinion, et ignorer toute information contraire.
• Dans un processus de recrutement, un employeur peut être sujet au biais de confirmation en se focalisant sur des expériences ou des détails du CV d’un candidat qui correspondent à ce qu’il recherche, et rater des informations importantes qui remettent en cause l’adéquation du candidat.
• Dans un débat politique, une personne va probablement se souvenir des arguments qui appuient sa propre position et oublier ceux en faveur de la position opposée, montrant ainsi le biais de confirmation.
• Sur les réseaux sociaux, nous avons tendance à suivre et partager des publications qui renforcent nos opinions et croyances, plutôt que de confronter des avis divergents.
En résumé, le biais de confirmation joue un rôle dans de nombreuses situations de la vie quotidienne et influence la façon dont nous percevons le monde. Pour atténuer ce biais, il est important de rechercher des informations variées et objectives, et d’être conscient de notre tendance naturelle à privilégier celles qui confirment nos propres opinions.
#2 Le Sophisme des coûts irrécupérables
La fallacie des coûts irrécupérables est le biais cognitif qui nous pousse à continuer une action ou à soutenir une décision passée, afin de ne pas “perdre” les ressources déjà investies, même si cela n’a plus de sens. Autrement dit, nous justifions la poursuite d’un effort en nous focalisant sur ce que nous avons déjà investi, plutôt que sur les coûts et bénéfices futurs.
Par exemple:
• Un projet d’entreprise qui s’avère être un échec mais dans lequel tant de temps et d’argent ont déjà été investis que la direction décide de le poursuivre plutôt que de couper les pertes.
• Une relation amoureuse malsaine dans laquelle un partenaire reste coincé pendant des années en raison de l’histoire partagée et du temps déjà investi ensemble.
• La persistance à lire un livre ennuyeux ou à terminer un plat de restaurant médiocre uniquement parce que l’on a déjà passé trop de temps ou payé pour ne pas abandonner.
• Le refus de quitter un travail insatisfaisant principalement en raison des années d’ancienneté accumulées.
• Le soutien inébranlable à une décision politique contestable en raison du coût d’admettre qu’elle était une erreur.
La fallacie des coûts irrécupérables montre que nos jugements sont souvent biaisés par ce que nous avons déjà investi dans une situation. Pour éviter ce piège, il est important d’évaluer les options futures en fonction de leurs propres mérites et probabilités de succès, plutôt que d’être influencé par nos investissements passés. Les ressources déjà dépensées ne devraient pas être un facteur dans la prise de décisions rationnelles.
#3 Le Biais d’ancrage
L’ancrage est le biais cognitif qui nous pousse à dépendre trop des premières informations que nous recevons (l'”ancre”) pour faire des jugements subséquents. Ces informations initiales ont une influence indue sur nos décisions, même si elles sont arbitraires ou non pertinentes. Par exemple:
• Dans les négociations, la première offre faite peut fixer les attentes et influencer toutes les offres ultérieures. Ainsi, une offre initiale élevée peut amener à accepter un prix plus élevé que si les négociations avaient commencé avec une offre plus basse.
• Lors d’entretiens d’embauche, les impressions du premier candidat peuvent ancrer les attentes des évaluateurs pour les candidats suivants. Les candidats sont alors comparés à cette “ancre” initiale plutôt qu’évalués objectivement.
• Un chiffre mentionné au hasard peut influencer des estimations numériques ultérieures. Par exemple, si on demande à un groupe d’estimer le pourcentage de pays africains membres de l’ONU et qu’on leur cite le chiffre 65% au préalable, leurs estimations seront ancrées à ce chiffre, même s’il est complètement aléatoire.
• Notre propension à suivre les recommandations de la première option présentée, comme par exemple choisir le premier choix de menu dans un restaurant ou le premier bien immobilier visité.
• La tendance à évaluer une expérience positive ou négative en fonction de nos attentes initiales. Par exemple, apprécier un film plus que de raison parce qu’on avait de grandes attentes avant de le voir.
L’ancrage démontre que nos jugements sont souvent influencés par des informations arbitraires que nous recevons avant de formuler une opinion ou de prendre une décision. Pour réduire ce biais, il faut considérer les options de manière objective, sans tenir compte des “ancres” auxquelles nous avons été initialement exposés. Il est important de maintenir un esprit ouvert et critique plutôt que de se laisser trop influencer par les premières informations reçues.
#4 L’aversion aux pertes
L’aversion pour les pertes est le biais cognitif qui nous pousse à préférer éviter de perdre quelque chose que nous possédons déjà plutôt que d’acquérir quelque chose de nouveau de valeur équivalente. Autrement dit, les pertes nous affectent psychologiquement plus que les gains de même ampleur.
Par exemple:
• Les investisseurs sont plus réticents à vendre un actif qui perd de la valeur que désireux d’acheter un actif gagnant équivalent, même si la transaction serait rationnelle dans les deux cas. La peur de la perte l’emporte sur l’attrait du gain.
• Les employés sont souvent plus motivés par la perspective de ne pas perdre l’emploi ou des avantages liés à leur poste que par la possibilité d’obtenir une augmentation ou de nouveaux avantages. La perte d’un acquis est plus dissuasive que la possibilité d’un gain.
• Les consommateurs sont plus sensibles à la perspective de perdre les réductions ou privilèges liés à leur fidélité (ex: points de récompense) qu’attirés par la possibilité d’en gagner de nouveaux. Les récompenses acquises ont plus de valeur à nos yeux.
• Dans les négociations, un participant sera souvent plus motivé pour éviter de perdre du terrain par rapport à sa position de départ que d’en gagner. Faire quelques concessions pour obtenir un gain peut sembler trop risqué.
• En médecine, les risques de ne pas undertraiter une maladie sont souvent perçus comme plus importants que les risques d’overtraitement, même si les conséquences négatives sont équivalentes. La perte de santé est particulièrement anxiogène.
L’aversion pour les pertes montre que nous attribuons une valeur psychologique plus grande aux choses que nous possédons déjà. Ce biais peut nous pousser à des décisions et comportements irrationnels qui visent surtout à éviter les pertes plutôt qu’à maximiser les gains. Pour prendre de meilleures décisions, il faut reconnaître ce biais et évaluer gains et pertes en fonction de leur impact objectif plutôt qu’en fonction de considérations émotionnelles.
#5 Le Biais du Status Quo
Le biais en faveur du statu quo est la tendance à préférer le maintien du présent état de choses plutôt que d’opter pour un changement ou une option différente. Ce biais nous pousse souvent à choisir la continuité par défaut plutôt que de faire un choix actif, même lorsque celui-ci aurait de meilleures chances de nous satisfaire. Par exemple:
• La réticence des consommateurs à changer de fournisseur ou de marque habituelle, même lorsqu’une offre concurrente est plus avantageuse. Le statu quo est perçu comme le choix le plus sûr.
• La décision des employés de rester dans un travail insatisfaisant plutôt que de prendre le risque de changer pour quelque chose de nouveau et inconnu. Mieux vaut le diable qu’on connaît…
• Le choix par défaut des options proposées, comme garder les réglages d’usine d’un appareil ou les paramètres par défaut d’un logiciel. Le statu quo nous semble a priori plus facile ou sûr.
• L’inertie des investisseurs face à des placements qui ne répondent plus à leurs besoins, ou leur réticence à rééquilibrer leur portefeuille en fonction de l’évolution des marchés. Tout changement semble risqué.
• La préférence des décideurs politiques pour le maintien des programmes et réglementations existants plutôt que d’adopter de nouvelles réformes, même lorsque celles-ci s’avéreraient plus efficaces. Le statu quo est perçu comme plus stable.
Le biais en faveur du statu quo démontre que nous avons naturellement tendance à privilégier la continuité par défaut plutôt que le changement. Ce phénomène peut nous pousser à faire des choix qui ne nous satisfont pas pleinement ou qui ne sont plus adaptés à notre situation. Pour prendre de meilleures décisions, il faut identifier ce biais et évaluer nos options en fonction de leur mérite propre plutôt que par rapport au statu quo. Un changement peut parfois être la meilleure solution, même s’il est moins familier ou plus risqué.